Après s’être refait une beauté, le Muséum de Bordeaux rouvre ses portes le 31 mars 2019. L’occasion pour moi de découvrir ce lieu unique, resté fermé pendant 10 ans. Au cœur du jardin public de Bordeaux, dans l’Hôtel de Lisleferme, le parcours de visite présente d’importantes collections restaurées et une question qui mène à la réflexion : quelle est la place de l’Homme dans la nature ?
Préambule
J’ai visité le Muséum de Bordeaux en avant-première dans le cadre de mon adhésion à l’association La Blog Connexion. Moi qui adore les nouveautés et les musées, j’ai dit oui tout de suite à cette proposition ! Pour cette visite test, 3 autres (chouettes) blogueuses bordelaises m’accompagnaient : Virginie, Barbara et Céline.

Je comptais également effectuer la visite avec mon fils de 16 mois, de nature très curieuse et qui adore les animaux. Cela tombait bien puisque le Muséum fait la part belle au jeune public en leur dédiant un espace d’exposition interactif. Le Muséum met également à disposition des tables à langer et des ascenseurs. Toutes les conditions étaient réunies pour que je puisse venir avec mon fils qui a commencé à faire ses premiers pas… Mais ne marche évidemment pas suffisamment bien pour se déplacer seul.

Mon petit coup de gueule
Le (gros) hic, c’est qu’après avoir contacté le Muséum, on m’a indiqué que le Muséum n’accepte pas les poussettes dans le bâtiment ! Officiellement « pour raison de sécurité« . On m’a indiqué qu’il fallait laisser la poussette dans le garage à poussettes prévu à cet effet. Assez incroyable pour un lieu public ! Une poussette n’est autre qu’une chaise à roulettes, tout comme l’est un fauteuil roulant. Mais alors, comment feront les personnes handicapées pour visiter le Muséum ?
Moi qui pensais que le Muséum de Bordeaux était baby friendly… On peut effectivement changer son bébé, mais on ne peut pas le trimballer en poussette ? Alors quand le porte-bébé n’est pas envisageable, le Muséum vous répond qu’on a qu’à « venir sans bébé ou revenir une prochaine fois où il saura marcher » ! Whaaaou ! Ça commence bien pour un lieu de découverte qui s’adresse en grande partie aux familles ! Mais les règles sont les règles alors j’ai dû me résigner à abandonner mon enfant à l’entrée le faire garder pour effectuer cette visite.

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises… Car lors de ma visite du Muséum en avant-première le week-end dernier, il y avait plein d’autres visiteurs, dont des familles… Avec des bébés transportés en poussette ! Autant dire que cela m’a dégoûtée ! Et quand j’ai demandé à une maman si elle avait eu des problèmes à rentrer avec sa poussette, elle a semblé étonnée de ma question et m’a répondu que personne ne lui avait fait de remarque. Bref, le règlement n’est finalement pas très clair ou en tout cas, il ne s’applique pas de la même manière pour tout le monde ! Aussi, si vous devez venir avec un enfant en bas âge, je vous invite à vous renseigner au préalable.
Un bon équipement pour les personnes handicapées
Ceci étant dit, le Muséum accepte bel et bien les personnes à mobilité réduite (en même temps, c’est une obligation !). Et il y a un très bon équipement pour les personnes en fauteuil roulant. Mais pour le coup, je n’en ai pas vu lors de ma visite donc je ne peux pas vous dire si les infrastructures dédiées fonctionnent correctement.
Quant aux personnes malvoyantes, certaines expositions offrent une traduction en braille.
Mais au fait, un muséum c’est quoi ?
Ne croyez pas que j’en ai perdu mon latin en écrivant cet article… Muséum s’écrit bien avec un accent sur le E ! Enfin, c’est le cas dans les pays francophones. Et c’est justement ce petit accent qui fait toute la différence.
En effet, en 1793, le muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHM pour les intimes !) est reconnu par décret. À partir de cette date, « muséum » est le terme unique (et orthographié avec un accent) qui désigne un musée d’histoire naturelle.

C’est donc un pléonasme de parler de « muséum d’histoire naturelle ». Et comme ce n’est pas une évidence pour tout le monde, le Muséum de Bordeaux accompagne son logo de la mention « sciences et nature ».
Un écrin restauré pour accueillir le Muséum de Bordeaux
C’est en bordure du jardin public de Bordeaux qu’on trouve l’Hôtel de Lisleferme. Ce bel hôtel particulier fut édifié en 1778 par Richard François Bonfin pour Nicolas de Lisleferme, un avocat bordelais, également poète et amoureux des arts.

Le bâtiment accueille un muséum depuis 1862 après avoir subi une première vague de travaux pour le transformer d’habitation en musée. Il est aujourd’hui classé aux Monuments Historiques.

Il y a 10 ans, le Muséum a fermé pour être rénové et étendu. Après avoir discuté avec le personnel du Muséum, j’ai pris conscience de l’ampleur de la tâche.

Il a bien sûr fallu aire les travaux dans le bâtiment principal, le mettre aux normes, creuser un sous-sol sous le jardin public… Mais il a aussi fallu construire un espace de conservation de 1 000 m2 pour y entreposer toutes les collections. Démonter, transporter, classer, protéger, ranger chaque spécimen (qui va d’un petit coquillage à un éléphant !). Au total, 16 millions d’euros ont été investis pour rénover et agrandir le Muséum. Aujourd’hui, les visiteurs peuvent déambuler sur un espace de 2 315 m2.

D’ailleurs, au sous-sol du Muséum, une exposition très intéressante explique chronologiquement les tranches de travaux, les choix effectués et les différents aléas qui ont retardé la réouverture du Muséum de Bordeaux.


Le Muséum de Bordeaux, un cabinet de curiosités géant
La constitution des collections
Tout commence en 1791 avec la collection du Professeur Latapie (disciple de Montesquieu) donnée à la ville et rendue publique.
À cette époque, Bordeaux est en plein essor et veut montrer sa puissance grâce aux richesses et curiosités rapportées du monde entier par navire. S’ajoute ensuite le cabinet privé de l’armateur Bernard Journu-Auber en 1804. Ces deux collections personnelles constituent le début du Cabinet d’Histoire Naturelle qui s’installe dans l’Hôtel de Lisleferme. À l’époque on pense que la biodiversité représentée est exhaustive.

Ces collections sont enrichies au fil du temps par des pièces données ou achetées. Aujourd’hui, le patrimoine du Muséum est remarquable par son étendue, son importance scientifique et la rareté de certaines pièces.
Mais au XXIe siècle, les enjeux liés à l’environnement ont changé et le Muséum de Bordeaux a un nouveau rôle à jouer. C’est donc la question de la place de l’Homme dans la nature qui est posée et un message de préservation des espèces qui est diffusé. Si rien n’est fait maintenant, chaque espèce animale et végétale s’éteindra au fur et à mesure. Et rappelons-le, l’Homme est aussi menacé et a besoin des autres espèces pour assurer sa propre survie.
Les collections d’aujourd’hui
Ce qui m’a le plus frappé, c’est la variété et le nombre d’espèces représentées au Muséum de Bordeaux. On ne sait plus où donner de la tête tellement il y a à regarder !

Aujourd’hui, le Muséum expose environ 3 500 spécimens par thématique liée à la compréhension de la nature et à la préservation de la biodiversité. L’inventaire est précis (mais ce n’est pas moi qui l’ai fait !) : 977 coquillages et autres invertébrés, 921 oiseaux, 373 mammifères, 311 reptiles, amphibiens et poissons, 278 fossiles et minéraux, 262 papillons et insectes, 214 pièces ostéologiques auxquels s’ajoutent 156 moulages.
Le Muséum conserve en réalité bien plus que les 3 492 spécimens exposés puisque la collection s’élève à un million de pièces. Elles seront présentées lors d’expositions semi-permanentes (d’une durée de 3 à 5 ans) ou temporaires (pendant quelques mois).

La prochaine exposition thématique
Fin 2019, le Muséum proposera une première exposition sur la faune d’Afrique australe. L’Afrique est d’ailleurs l’un des derniers continents où l’on trouve encore une faune sauvage. Ce sera peut-être l’occasion pour moi de revenir avec mon fils en attendant d’organiser avec lui un voyage au pays de Babar comme j’ai pu le faire. Car j’ai eu l’immense chance de visiter des réserves privées ainsi que le parc Kruger en Afrique du Sud et le parc Etosha en Namibie. Le souvenir de ces animaux si beaux me revient souvent à l’esprit. Ce sont des lieux magiques (comme beaucoup de grands espaces en Afrique d’ailleurs) où l’on se sent tout petit face à une nature hypnotisante et fascinante.
J’espère pouvoir un jour emmener mon fils voir ces animaux en vrai, dans leur environnement naturel. Car bien sûr, il est mieux de les voir vivants, tant qu’ils sont encore présents sur notre planète.
Le parcours de visite du Muséum de Bordeaux
Le parcours offre des niveaux de lecture différents pour que petits et grands puissent profiter de la visite. Trois étages présentent les différentes espèces.

Rez-de-chaussée : accueil et espace pour les plus petits
Au rez-de-chaussée, une maman zèbre et son petit invitent à entrer dès la porte franchie.

Dans le hall d’accueil, c’est ensuite Fanny l’éléphante qui surprend (accompagnée d’une petite souris). Fanny, c’est un peu la mascotte du Muséum. La vieille demoiselle accueille les Bordelais depuis 1892. Elle était à l’époque dans une ménagerie sur la Place des Quinconces.

Il y a aussi cette très belle mise en scène arc-en-ciel faisant écho aux couleurs des animaux, mollusques et insectes présentés. J’ai trouvé cela vraiment très joli et original. Un peu plus loin, de grands squelettes impressionnent.


C’est aussi dans cet espace que se trouvent la billetterie et une mini boutique… Où bien sûr j’ai craqué sur de très jolis cahiers façon carnets de voyage et carnets de naturaliste, avec des reproductions de planches dessinées à l’intérieur.

De l’autre côté du hall d’accueil, l’exposition semi-permanente « Tous les Bébés » s’adresse aux tout-petits.

On explique les différents bébés de chaque espèce, y compris de l’Homme, comment ils vivent, se nourrissent, etc. Les enfants peuvent se comparer aux différentes espèces et reconstituer des familles d’animaux grâce à des peluches. L’exposition est interactive (sons, images, jeux, passages…) mais volontairement sans écran.

Un adulte doit évidemment accompagner les enfants. Mais cet espace n’étant pas immense, si vous devez le visiter et que vous en avez la possibilité, préférez un jour de semaine, hors vacances scolaires, pour ne pas être bousculé par la foule.

Premier étage : 2 expositions semi-permanentes
Au premier, le Muséum propose deux expositions semi-permanentes. La première présente le littoral néo-aquitain, ses écosystèmes et sa variété d’habitats. On y découvre aussi une grande collection de mouettes et de goélands.

De l’autre côté, l’exposition « Mange-moi, si tu peux » répertorie les animaux en fonction de ce qu’ils mangent : du liquide, des particules, du solide vivant ou inerte.

L’exposition montre des mâchoires et des dents animales ainsi que des objets de la vie quotidienne permettent de comprendre la mastication de chaque espèce.

Second étage : le clou de la visite
La diversité animale
Cet espace est incontestablement le plus beau. Il y a d’abord la pièce en elle-même : la majestueuse galerie Souverbie du XIXe avec ses immenses vitrines restaurées à l’identique. La modernité des infrastructures et l’équipement multimédia se marient très bien avec les anciennes vitrines et le parquet.

Pour contempler cet espace, il est possible de s’asseoir sur les grands bancs blancs ou de demander un tabouret pliant (également disponibles aux autres étages).

Cette galerie colorée permet d’observer la diversité. Organisée par thèmes, le voyage est bien sûr représenté. Car c’est au retour de leurs expéditions sur les autres continents que les navires rapportaient animaux et espèces inconnues. Les spécimens sont classés par continent dans la galerie.
L’espèce humaine également représentée
Des vitrines montrent aussi les espèces classées par parenté. Un mannequin représente l’espèce humaine, disposé sur un îlot central, et sa présence est presque dérangeante.

Le Muséum diffuse un film toutes les heures pour expliquer la place de l’Homme dans la nature. Cette nature qu’il transforme et qu’il exploite. Les espèces menacées d’extinction par l’action de l’Homme sont aussi exhibées. Au fur et à mesure du déroulé du film, les vitrines s’illuminent pour illustrer les propos.

Dans les vitrines, certaines espèces présentées ont déjà disparu de la planète. Et en passant devant, un mélange de sentiments vous envahit : tristesse, incompréhension, colère, amertume…
La biodiversité est l’ensemble des organismes vivants qui constituent un écosystème. De sa préservation dépend la survie de nos sociétés.
Robert Barbault, Biodiversité. Introduction à la biologie de la conservation. 1997.

C’est aussi dans cette superbe salle que l’on trouve l’attendrissant ours polaire, symbole du réchauffement climatique, l’hippopotame Püpchen et sa gueule béante, la girafe Kailou qui domine les visiteurs avec son air intrigué et le majestueux squelette de rorqual commun installé au-dessus de nos têtes.

Cet espace est une vraie réussite quand on compte le nombre d’espèces représentées, leur classification, l’agencement et la décoration mariant ancien et contemporain.

Sans oublier, le sous-sol : des expos temporaires surprenantes
Si vous disposez de suffisamment de temps, allez aussi faire un tour au sous-sol. C’est la fameuse extension du Muséum de Bordeaux creusée sous le jardin public. Vous y observerez l’expo sur les travaux de rénovation que j’évoquais plus haut.
Il y aussi une expo super marrante et pleine de sensations sur le thème du toucher.

Vous aurez l’occasion, entre autres, de vous allonger sur un banc de fakir, de vous faire tripoter par une horde de gants en caoutchouc, de découvrir à l’aveugle les matières et textures, d’effectuer un parcours dans le noir total, de ressentir le chaud et le froid et de tester votre résistance à la douleur (de manière tout à fait acceptable quand même !).

Cette expo est parfaitement adaptée aux enfants et un espace est dédié spécialement aux tout-petits.
Si vous avez aussi visité le Muséum et souhaitez ajouter des précisions, n’hésitez pas à laisser un commentaire sous cet article.
Pour tout savoir sur le Muséum de Bordeaux :
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Florian says:
Très bel article et merci pour tous ces commentaires. Hâte de le visiter lors d’une prochaine escapade à Bordeaux… Bises à toi.
Claire says:
Merci Flo ! Fais-moi signe quand tu reviens en France et que tu passes à Bordeaux. Bisous