Pour la plupart des gens le Cambodge évoque les temples d’Angkor, l’Asie et ses paysages sublimes. Mais le Cambodge c’est aussi un pays encore meurtri par son histoire et le massacre de plus d’un quart du peuple cambodgien dans les années 1970/80.

Histoire du Cambodge

Ne vous inquiétez pas je ne vais pas vous refaire toute l’histoire du Cambodge… Mais retenons quelques dates importantes :

9 novembre 1953 : le Roi Sihanouk obtient l’indépendance du Cambodge. C’est la fin du contrôle français sur l’Indochine. Aujourd’hui, il est encore possible de croiser des cambodgiens qui parlent français.

Septembre 1960 : Pol Pot crée le parti communiste. Il deviendra le membre le plus important de l’organisation révolutionnaire.

1969 : le Président américain Nixon ordonne le bombardement du pays.

1970 : Coup d’état, la monarchie de Sihanouk est abolie.  Sihanouk rejoint les khmers rouges et est condamné à mort. Début de la guerre civile.

1975 : Les khmers rouges entrent dans Phnom Penh le 17 avril et proclament l’année zéro. Ils évacuent la capitale et transforment le pays en une « prison sans murs ». Un génocide qui tuera près de 2 millions de personnes commence. Le régime s’en prendra surtout à la population urbaine et aux intellectuels.

1991 : Signature des accords de paix de Paris. Le pays est placé sous tutelle de l’ONU et des élections libres sont misent en place. Aujourd’hui bien que officiellement démocratique, le pays est encore gangrené par la corruption et le manque d’éducation de sa population. Essayez de passer la frontière terrestre au Cambodge, vous allez vite comprendre… j’en ai fait l’expérience.

2000 : le gouvernement cambodgien et l’ONU se mettent d’accord pour créer un tribunal chargé de juger les anciens dirigeants des khmers rouges.

2007 : ouverture du procès des dirigeants des khmers rouges.

Ce petit rappel nous permet de voir à quel point l’histoire du Cambodge et son indépendance sont récentes. Mais tout n’est pas rose dans ce pays qui est encore loin d’être totalement libéré de ses souffrances.

Le Musée des Mines

La première chose qui m’a frappé au Cambodge, c’est la présence de mines anti personnelles sur tout le territoire.

Cela peut paraître bête mais se dire que si l’on s’éloigne des chemins balisés on peut sauter à tout moment, c’est vraiment flippant. Au cas où vous penseriez que ce n’est pas sérieux, le nombre de gens aveugles ou amputés que vous croiserez vous ramèneront vite à cette triste réalité. Pour vous donner un chiffre, il y aurait entre 6 et 7 millions d’engins explosifs non explosés à travers le territoire !

Musiciens aveugles Cambodge

Groupe de musiciens victimes des mines anti personnelles

Si vous passez par l’étape incontournable des temples d’Angkor, je vous invite à faire un stop au Musée des mines. Ne serait-ce que pour voir à quoi ressemblent une mine et tous ces engins explosifs.

Aki Ra, une vie digne d’un roman

Ce musée n’est pas bien grand mais il a un réel rôle éducatif.

Fondé en 1999 par Aki Ra, un démineur indépendant, ex enfant soldat des Khmers Rouges. Aki Ra fut enrôlé de force à l’âge de 10 ans après que les Khmers rouges aient tué ses parents. Capturé par l’armée Vietnamienne, il fut lui-même poseur de mines, une arme bon marché qui peut faire encore des dégâts 150 ans plus tard.

Après le départ des Vietnamiens, il consacra la deuxième partie de sa vie à « réparer ses erreurs » et à déminer les campagnes du Cambodge.

Aki Ra Musée des mines

Aki Ra aurait déminé à lui seul plus de 50 000 engins

Dans ce musée vous découvrirez toutes sortes d’engins explosifs (déminés rassurez-vous). Bombes, grenades, mines anti personnelles… On  parfois du mal à imaginer que de si petits objets peuvent faire autant de dégâts.

Mines

Différents explosifs déminés

Tous ces engins sont bien sur dangereux pour les hommes qui vivent dans ce pays, mais en ont aussi paralysé l’économie. En effet, les fermiers ont été les premières victimes en retournant dans leurs champs complètement minés. Le pire, c’est que l’on peut passer des années à labourer son champ sans que rien ne se passe jusqu’au jour où pas de chance, on marche au mauvais endroit… Le déminage des terres agricoles est donc une priorité.

Champ miné Musée des mines

Exemple de champ miné (rassurez vous ces engins explosifs sont tous déminés)

Pour info, les recettes du musée (ONG) servent à former des professionnels au déminage et à s’occuper des enfants blessés. L’occasion de faire une bonne action !

Pour en savoir plus sur les mines au Cambodge: www.apres-genocide-cambodge.com

Tuol Sleng ou le Musée du Génocide

Tuol Sleng aussi connu sous le nom de S-21, fait partie de ces endroits qui ne devraient pas exister.

J’ai un peu hésité avant d’entrer dans ce lieu qui à la base était un simple lycée. Finalement j’y ai passé plus de deux heures !

C’est en 1975 que tout commença lorsque Pol Pot transforma ce lycée de Phnom Penh en prison de haute sécurité 21 ou S-21. Ce lieu devint tristement connu comme le plus grand centre de détention et de torture du pays.

Prison S21 Phnom Penh

La cour d’école transformée en cimetière. On peut voir aussi  le lieu où l’on pendait les gens.

Que découvre t’on au S21 ?

L’une des premières choses que vous verrez, c’est le lieu où les prisonniers étaient pendus ainsi que les tombes des 14 dernières victimes. Un grand panneau vous explique les règles alors appliquées dans la prison à l’époque, en cambodgien, français et anglais (panneau d’origine). Cela fait froid dans le dos !

Prison S21 Phnom Penh

Prenez le temps de lire les règles en français. Si ce n’est pas de la dictature !

Vous entrerez ensuite dans le bâtiment principal où vous pourrez visiter les différentes salles de tortures. A l’entrée du musée, j’avais pris le petit guide papier. Je tiens à vous prévenir certaines images du guide sont choquantes.

Salle de torture S21 Phnom Penh

Une salle de torture

La visite se poursuit par la découverte des différentes cellules, en bois ou en pierre, toutes minuscules et spartiates où les prisonniers étaient enchaînés.

Cellule S21 Phnom Penh

Cellule en bois d’à peine 1 mètre de large

Vous remarquerez peut être les barbelés le long des couloirs extérieurs. Ils avaient pour but d’empêcher les prisonniers de se suicider.

Prison S21 Phnom Penh

Les couloirs protégés par des fils barbelés

Enfin vous serez surement marqués par les centaines de visages des prisonniers pris en photo lors de leur arrivée au centre. Femmes et enfants compris…

Prisonniers S21 Phnom Penh

Difficile d’imaginer ce que ces personnes ont vécu

Ce qui est particulièrement impressionnant lors de cette visite, c’est ce sentiment que le temps s’est arrêté. La prison est restée en l’état comme le jour où elle a été découverte.

Peut on visiter ce musée avec des enfants ? Ma réponse est non. Ce lieu est une sorte de mémorial, un peu comme Auschwitz, et je pense qu’il faut être en âge de comprendre.

Mon avis sur ces visites :

Si vous aussi vous avez envie de mieux comprendre l’histoire du Cambodge, je vous conseille de visiter ces lieux qui font son histoire. Certes ces visites sont lourdes en émotions, surtout le S21, mais elles m’ont beaucoup appris sur le peuple cambodgien. C’est aussi important de voir les horreurs que l’homme peut créer pour éviter que cela se reproduise.

Voyager c’est aussi accepter de voir l’autre côté de la carte postale…

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