En Namibie, il est surprenant de voir autant de mammifères vivre dans des conditions aussi arides. Des bruyantes colonies de phoques agglutinés sur des kilomètres de plage, aux troupeaux de zèbres dans les plaines, le pays réserve de belles surprises, comme ma rencontre avec les éléphants du désert dans le Brandberg. Car non, les éléphants ne vivent pas uniquement dans les forêts luxuriantes !
La Namibie et le Niger sont les deux seuls pays au monde à voir ces pachydermes évoluer dans des zones sèches et chaudes, où la nourriture et l’eau se font rare. J’ai eu la chance de croiser leur chemin.
Hors des sentiers battus
En route pour pister les éléphants du désert
Embarquée avec mon co-voyageur pour un safari improvisé dans notre 4×4 de location, nous voilà partis à sillonner la vallée de l’Ugab, dans le désert du Brandberg. Nous sommes accompagnés par un pisteur de notre lodge.
Le paysage est plutôt inhospitalier, sec, poussiéreux, rocailleux et il fait chaud, très chaud.
Il faut rouler doucement pour ne pas effrayer les animaux potentiellement présents, mais aussi pour guetter et avoir la chance de repérer nos amis à trompe. Nous ouvrons grands nos yeux tout en remontant le lit d’une rivière totalement asséchée. Notre pisteur nous indique de bien regarder sous les quelques arbres qui y poussent, car par 40°C, ces spécimens de la préhistoire recherchent l’ombre et la toute relative fraîcheur en restant immobiles sous les feuillages. Il est incroyable de croire que ces animaux ont pu s’adapter à des conditions climatiques si extrêmes.
Premier contact avec les éléphants
Après plusieurs kilomètres, nous sommes heureux d’apercevoir un premier mammifère solo.
Notre mission du jour est accomplie mais nous décidons de poursuivre notre exploration. Un peu plus loin, le pisteur nous fait descendre du 4×4 car il vient d’apercevoir une empreinte dans une étendue boueuse… En creusant un peu la flaque, un mince filet fait surface. L’eau n’est pas loin, les éléphants ne le sont donc pas non plus.
Effectivement, à plusieurs mètres de là, nous découvrons une famille entière de pachydermes devant laquelle nous nous extasions. Deuxième récompense de la journée ! Ces animaux sont fascinants, gracieux et apaisants à la fois. Les éléphants nous ont bien sûr repérés et jaugés mais notre présence ne semble pas les déranger tant que nous nous tenons à distance. Nous les observons longuement.
Le pisteur constate que les éléphants changent de comportement et nous fait signe de remonter dans notre 4×4 rapidement mais sans geste brusque. Il nous fait remarquer que les animaux commencent à se regrouper et à tous se diriger dans la même direction… Ils ont soif, nous dit-il. Il nous fait signe de quitter les lieux car il n’est pas prudent de se mettre en travers de la route quand ils avancent en troupeau. Nous voilà ravis d’avoir pu observer les éléphants du désert aujourd’hui et nous décidons de rentrer au lodge.
Une rencontre fracassante avec les éléphants du désert
Sur le chemin du retour le pisteur est inquiet car il se demande si les éléphants ne prenaient pas la direction du village voisin. Il décide de prévenir les habitants de cette probable invasion. Les éléphants du désert ont beau être pacifistes, ils ne font pas dans la dentelle quand ils passent quelque part !
Montée d’adrénaline
Nous nous rendons dans le village et notre guide commence à donner l’alerte. Là, nous abandonnons notre 4×4 et grimpons, avec d’autres habitants, nous mettre à l’abri sur un haut rocher qui surplombe le réservoir d’eau.
Après une longue attente, un nuage de poussière se dessine au loin. Notre pisteur avait vu juste. Un immense troupeau d’éléphants se dirige tout droit vers le village. Il ne s’agit pas du petit groupe que nous avons observé plus tôt, ils sont bien plus nombreux. Nous essayons de les compter, il y en a au moins 50 ! Certains villageois nous rejoignent sur le rocher. Ils sont très inquiets, certains sont même terrorisés. Ils nous racontent qu’ils n’aiment pas les éléphants et on comprend rapidement pourquoi. Les éléphants arrivent enfin au réservoir et les plus costauds commencent à démonter littéralement la tuyauterie pour accéder à l’eau. Le spectacle est stupéfiant et fascinant !
On entend des bruits d’eau et de gros tuyaux en fer que les éléphants laissent tomber au sol. On se sent totalement impuissant devant tant de force déployée et les villageois regardent leurs infrastructures partir en pièces détachées. Nous observons cette parade, totalement ébahis. Le comportement des animaux est tout aussi captivant.
Un troupeau très organisé
Les familles d’éléphants respectent une hiérarchie très précise et un ordre de passage pour accéder au puits. Il y a ceux qui montent la garde à l’arrière du troupeau, ceux qui attendent leur tour et ceux pour qui c’est open bar : boisson à volonté et arrosage intégral ! Les plus grands donnent de l’eau aux plus petits qui ne sont pas assez hauts pour atteindre le réservoir avec leur trompe. D’autres se contentent du flux d’eau moins important du canal d’irrigation.
Cliquez sur les photos ci-dessous pour les agrandir :
Un éléphanteau, aux oreilles presque translucides, attire particulièrement mon attention. Il est drôle, il s’amuse avec ses ainés et patauge dans les flaques de manière très gauche. Il est tellement minuscule que j’ai peur qu’il se fasse piétiner par les autres qui sont assoiffés. Mais il n’en est rien, la tribu est très bien organisée et le petit est protégé.
La pression redescend
Après plus de deux heures de ballet, dans un silence presque parfait, tous les éléphants ont bu. Le signal est donné par le patriarche et ils repartent comme ils sont venus, d’un pas nonchalant et chaloupé dans un nuage de sable. Nous restons quelques instants immobiles comme hypnotisés par ce que nous venons de vivre… c’était juste magnifique, incroyable et intense !
Le pisteur nous explique qu’il n’a assisté à ce spectacle que deux fois dans sa vie. D’habitude les éléphants du désert ne se regroupent pas aussi nombreux et il est peu fréquent qu’ils viennent à proximité des hommes qu’ils craignent. Il est presque aussi impressionné que nous.
Nous redescendons de notre promontoire rocheux, les villageois se dirigent vers leurs maisons l’air attristé. Heureusement les pachydermes se sont arrêtés au puits sans arracher les clôtures des cultures et ne sont pas rentrés dans les habitations. Par contre le réservoir est presque vide et le point d’eau est ravagé, saccagé.
Sur le puits dévasté nous pouvons lire « we don’t like elephants » écrit au charbon… Nous comprenons la colère des habitants et leur laissons les quelques bouteilles d’eau que nous avions achetées en ville. Nous sommes tristes pour eux mais secrètement ravis d’avoir pu assister à un tel spectacle. Une rencontre aussi fracassante qu’inattendue avec les majestueux éléphants du désert.
Côté pratique
Que mettre dans votre sac pour pister les éléphants du désert ?
Votre appareil photo/caméra vidéo, des cartes mémoire et batteries de rechange, des jumelles, un chapeau, des lunettes de soleil, de la crème solaire… et de l’eau !
Où dormir à proximité ?
Le Brandberg White Lady Lodge & camping est une petite oasis située sur la route C35, entre les villages de Uis et Korixas. Il propose des petits chalets individuels et bungalows ou des emplacements pour votre tente. Restauration possible sur place. L’accueil et le service y sont excellents.
irelandissocheek says:
Mille mercis pour le partage de ce magnifique moment!! Puis tellement bien écrit que je me suis presque sentie à vos côtés sur ce rocher!
Claire says:
Merci pour ce gentil commentaire et pour le partage de mon article sur votre page Facebook. Ravie d’avoir pu vous emmener avec moi en Namibie le temps de la lecture… d’autres articles sur cette destination sont à venir très bientôt, restez connectée 😉 A bientôt