Se plonger dans un bon livre, c’est déjà voyager. Alors que vous partiez ou non cet été, j’avais envie de vous partager mes coups de cœur lecture de cette première moitié de 2016. Du point le plus austral de l’Amérique du Sud à l’Asie centrale, en passant par l’Europe de l’Est ou aux confins les plus intimes de la France, à pied, à dos d’âne, en train ou en bateau… 5 livres de voyage, 5 univers différents. Évasion garantie!
Pour les voyageurs de l’extrême
Soudain, seuls d’Isabelle Autissier, Stock, 2015
S’il fait un peu trop chaud là où vous passez vos vacances, ce roman d’aventure saura à coup sûr vous rafraîchir.
D’abord parce que l’histoire se déroule entre La Patagonie et le Cap Horn, sur une île hostile où règne en maître une faune sauvage constituée de manchots, otaries et autres éléphants de mer.
Ensuite parce que c’est là que Louise et Ludovic, deux trentenaires amoureux partis faire le tour du monde à bord de leur voilier, font naufrage et se retrouvent soudain… seuls.
Il y a de quoi jeter un froid dans une relation !
Un roman bouleversant, prenant, poignant, qui se dévore littéralement et qui vous fera frissonner pour ces deux Robinson des temps modernes. Attention, cependant, âmes sensibles s’abstenir.
Pour les amoureux du train
Voyages en train, collectif, L’Herne, 2015
Moi qui prend le train quotidiennement pour me rendre au travail, j’ai adoré ce recueil de nouvelles de divers auteurs, qui ont tous investi le thème du train pour en faire le décor de leurs œuvres.
Guillaume Apollinaire, Truman Capote, Colette, Mircea Eliade, Théophile Gautier, Delphine de Girardin, Rudyard Kipling, Nikolaï Leskov, Jack London, Thomas Mann, Guy de Maupassant, Marcel Proust, Marcel Schwob, ou encore Jules Verne… Tous ont été fascinés par cette formidable invention, symbole du progrès et emblème de la Révolution industrielle.
La quinzaine de textes présentée nous fait voyager de la Russie à l’Inde, en passant par les plaines américaines.
Idéal pour patienter entre deux gares et oublier ce voisin relou que vous allez devoir supporter jusqu’à la prochaine correspondance…
Pour les philosophes vagabonds
L’usage du monde, Nicolas Bouvier – dessins de Thierry Vernet, Petite bibliothèque Payot, 2001
Qualifié d’« ouvrage-culte », véritable « must-read », L’usage du monde est le récit du voyage effectué par Nicolas Bouvier et son ami Thierry Vernet, entre juin 1953 et décembre 1954, de la Yougoslavie à l’Afghanistan.
À bord d’une Fiat Topolino, ils cheminent de Belgrade jusqu’en Turquie, en Iran (où ils passent l’hiver à Tabriz), au Pakistan (dont une longue halte à Quetta), à Kaboul où ils se séparent, jusqu’à la passe de Khyber que Nicolas atteint seul.
Pour gagner l’argent nécessaire au fil du voyage, Thierry vend des peintures, tandis que Nicolas écrit des articles pour des journaux, fait des conférences ou donne des cours de français.
Même si c’est sans doute l’oeuvre la moins accessible que j’ai lu cette année, c’est une belle invitation à une certaine « philosophie du voyage » qui selon l’auteur mène « au décentrement, à se rendre disponible et ouvert au monde extérieur, à en grappiller les miettes et à se laisser remodeler par lui. ».
Pour les randonneurs bohèmes
Voyage avec un âne dans les Cévennes, Robert Louis Stevenson, GF Flammarion, 2013
Ce récit de voyage paru en 1879 est également un grand incontournable des livres de voyage.
L’écrivain écossais Stevenson y relate sa randonnée entreprise à l’automne 1878 du nord au sud des Cévennes. Parti du Monastier en Haute-Loire, il traverse toute la Lozère pour atteindre 12 jours plus tard Saint-Jean-du-Gard, au terme d’un périple d’environ 200 km.
Avec pour unique compagne de marche une ânesse prénommée Modestine, il évoque au gré des villages traversés quelques épisodes marquants de la guerre des Camisards, période tourmentée dans l’histoire de cette région protestante.
Malgré des débuts difficiles, il finit par tisser tout au long du voyage des liens forts avec la bête, grâce à laquelle il se prend peu à peu aux « joies de l’errance ».
À l’occasion du centenaire du voyage de Stevenson en 1978, un itinéraire de randonnée a été mis en place pour permettre aux amateurs de marcher dans ses traces. Aujourd’hui intégré au réseau des chemins de grande randonnée sous le nom de GR 70, le « Chemin de Stevenson » a même son propre topoguide et son association dédiée.
Pour les marcheurs anthropologues
Pensées en chemin, Axel Kahn, Stock/Nil, 2014
Médecin généticien, président d’Université, humaniste et engagé en politique, Axel Kahn nourrit également une passion pour la randonnée.
Il a alors 68 ans en 2013 lorsqu’il décide de relever un formidable défi : traverser « sa » France en diagonale, à pieds.
Il avale ainsi 2000 kilomètres de la frontière belge dans les Ardennes, jusqu’à la frontière espagnole au Pays basque.
Cet itinéraire buissonnier le conduit de la vallée de la Meuse à Saint-Jean-de-Luz, en passant par Vézelay, le Morvan, la Haute-Loire, les Causses, empruntant une portion du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Carnet de voyage plein d’humour et de rêverie, ce livre rappelle également de nombreux faits et lieux historiques. Kahn s’y livre à une réflexion sur l’état de notre pays, la désertification des campagnes, la pauvreté de certains territoires, les effets ravageurs de la Mondialisation.
C’est aussi l’occasion de rencontrer « des hommes et des femmes qui racontent chacun un bout de la France d’aujourd’hui ».
Et si vous en voulez encore, vous pouvez également lire la « suite » : Entre deux-mers, où il effectue en 2014 la diagonale inverse, depuis la Pointe du Raz, en Bretagne, jusqu’à atteindre la Méditerranée à Menton.
Voilà pour la sélection littérature de voyage de l’été 2016 !
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture. Et vous, quels livres de voyage nous recommandez-vous ? N’hésitez pas à nous livrer vos impressions en commentaires 😉